Vous trouverez ci-dessous le courrier adressé à Madame La Rectrice ce jeudi 9 avril :

Madame la Rectrice,

Nous nous permettons de vous écrire concernant le baccalauréat de cette session 2020, notamment
suite aux annonces faites par le Ministre Blanquer le vendredi 3 avril. Ces dernières manquent de
précisions ; s’il a indiqué la non-tenue des épreuves écrites, de nombreuses questions se posent
concernant les oraux de langues, les épreuves d’EPS, les Projets en classe de Terminales
technologiques.
Il est essentiel d’avoir rapidement des arbitrages afin d’organiser au mieux les
séquences d’enseignements et d’anticiper la fin de l’année scolaire.

De même, de fortes interrogations existent concernant l’épreuve orale de français qui est maintenue
pour les élèves de 1re générale et technologique.

Le maintien de cette épreuve orale nous interpelle sur 2 aspects : pédagogique et sanitaire.

Sur l’aspect pédagogique :

Les personnels enseignant aux classes de premières ont été pendant plusieurs semaines laissés sans
indications claires sur ce qui serait attendu des candidats. Nombreux sont ceux qui, répondant à des
injonctions institutionnelles pressantes, ont tenté, en dépit d’outils institutionnels défaillants, de
suivre un programme déjà bien difficile à tenir dans des circonstances normales. Chez nos
collègues, l’épuisement est bien réel, avec des situations proches du burn-out professionnel. Chez
les élèves, il est tout aussi palpable, et s’ajoute à des inquiétudes légitimes quant à l’examen que le
climat anxiogène créé par la gestion gouvernementale de la pandémie ne modère pas.

Après l’annonce du ministre d’un allègement des exigences, et notamment du nombre de textes à
présenter par les candidats, les indications actuellement données par les personnels d’inspection, à
savoir que les candidats ne devront en aucun cas être interrogés sur des textes « étudiés » pendant le
confinement, placent certains collègues dans l’inquiétude quant à la possibilité d’atteindre les
objectifs sans connaître la date de reprise des cours, et d’autres dans l’amertume face à la
dévalorisation de leur travail pendant le confinement. Le déconfinement n’étant pas, comme l’a
indiqué le Premier Ministre, « pour demain », tous s’interrogent sur le temps dont ils disposeraient,
le cas échéant, pour reprendre la préparation à l’examen de leurs élèves.

En retour de confinement, s’il a lieu, il s’agira avant tout de retrouver des repères scolaires et de
travail collectif. L’objectif ne doit pas être la course aux notes et aux apprentissages dans laquelle
les élèves décrocheurs pendant le confinement, souvent les plus éloignés de l’école, auront bien du
mal à reprendre le rythme.

Pédagogiquement, le maintien de l’épreuve n’a aucun sens, sauf s’il s’agit d’amplifier encore dans les
résultats à l’examen des écarts de réussite socialement marqués et de faire jouer à cet oral un rôle
encore plus ségrégatif.

Sur l’aspect sanitaire :

Pour le SNES - FSU, cette décision de maintenir les épreuves anticipées de français est aussi
incompréhensible au regard des enjeux sanitaires du moment. La sécurité et la santé des élèves et
des personnels ne peuvent être garanties.

Organiser des oraux, c’est rassembler un certain nombre d’élèves et de personnels dans les salles
d’examen et / ou de préparation, les mettre en contact direct et donc les mettre en danger : par
exemple, comment garantir la distanciation sociale dans le cadre d’un oral ? A l’heure où tous les
scientifiques alertent sur un effet rebond de l’épidémie en cas de déconfinement mal géré, il est
incompréhensible qu’un oral d’examen soit maintenu dans ces conditions.

En tout état de cause, si le ministre s’entêtait dans sa décision, il appartiendra à l’autorité
académique, responsable de la santé des personnels, de mettre en œuvre les mesures indispensables
à leur protection : mise à disposition de masques de protection en nombre, de gel hydroalcoolique
dans chaque salle, aménagement des salles et des horaires pour éviter tout contact direct ou indirect
avec les candidats et entre les candidats, etc... Le SNES - FSU n’acceptera pas que ces épreuves, si
elles ont lieu, se tiennent « comme de si de rien n’était », et exige a minima que les conditions de
leur organisation fassent l’objet d’une véritable discussion avec les représentant des personnels.

Nous vous remercions pour l’attention portée à nos demandes et des réponses que vous nous
apporterez.

Veuillez agréer, Madame la Rectrice, notre profond dévouement au service public d’éducation.